Après les ancolies ballerines, les nigelles dentellières...

L'imagination populaire lui donne des noms évocateurs :" Cheveux de Vénus"...

..."Belle aux chevaux dénoués"...

ou, -ça, c'est mignon-' Diable dans le buisson" !

Elle me fait penser aux napperons de dentelle de nos grands-mères entourés des cheveux fous d'écheveaux dénoués.

On s'attendrait presque à les voir faire des pointes dans leurs jupons superposés et gaufrés !

 Depuis quelque temps pourtant, elles s'assagissent et se ressèment volontiers...

Ce sont les" fées Clochette" des fleurs !

J'ai toujours pensé que certaines fleurs font des caprices, les ancolies, les roses trémières...Je commence à soupçonner les iris de faire partie aussi de ces belles capricieuses...

Je fleuris, je ne fleuris pas cette année, je vais fleurir mais j'attends encore un peu, et qu'importe si mes frères exposés comme moi sont fleuris depuis déjà quinze jours...

Eux, par exemple, les Alcazar ! Une touffe ici fleurie début avril, l'autre là, à quatre mètres, fleuris mi-mai !

Tous les iris roses plantés en 2013 et qui ont fleuri en 2014, boudent 2015...dans le massif, n'ont fleuri que deux bleus, derrière les petits iris Sibirica, pas capricieux ceux-ci, toujours fidèles.

Celui-ci, je ne connais pas son nom, mais je lui voue une tendresse particulière ; il a une histoire, c'est un rescapé...

Il y a deux ans, des travaux ont commencé dans la maison d'à côté, vendue après le départ de son propriétaire en maison  de retraite...Son épouse, décédée depuis quelques années était une amoureuse du jardin et des fleurs. J'ai donc été particulièrement choquée et peinée de voir le jardin détruit à coups de pelleteuse, les arbustes et les fleurs arrachés sans ménagement, les rhododendrons, azalées, rosiers etc...finir les racines vers le ciel dans la benne ...

La clôture entre nos deux jardins ayant été arrachée pour les besoins de construction d'un mur ne laissait plus aucune protection entre la désolation du chantier et mon jardin. Un jour, mon ami le baryton me dit : "regarde cet iris !"

Au milieu des poutrelles métalliques d'un échafaudage, à moitié écrasée par des planches, une échelle, sur la terre piétinée et retournée, une touffe d'iris était en train de mourir. Mais au milieu, une fleur bleue que le soleil rendait plus bleue encore, semblait braver le carnage, une seule, les autres ayant déjà péri..

"Quel bleu" ! Comme il est beau ! Quel dommage!"

"Va le chercher "dit le baryton !"

"Mais non, ce n'est pas chez moi  ! Je n'ose pas ! Mais quel gâchis, madame B. aimait tant ses fleurs !"

"J'y vais", s'est décidé le baryton...

Il a réussi à extraire du chaos l'iris bleu...Pas vraiment  le bon moment pour replanter un iris... Le rescapé a été installé au jardin et, miracle, sa fleur a tenu à fleurir jusqu'au bout !

L'an dernier, pas de floraison ... mais cette année, deux belles grosses fleurs, bleues comme un remerciement venu du ciel...

Dans un autre coin, changement de couleurs...

Les iris saumon ont fait cause commune avec les roses : pas de fleurs cette année !

Heureusement, toujours bons derniers, les petits blancs tout simples ne se sont pas fait prier...

Texte publié en 2011 sur mon blog  Over-blog ;  photos jardin 2015

 Je n'aime pas les bouquets de tulipes. Elles non plus, je crois.

Avez-vous observé leur comportement dès qu'elles ont mis le pied dans un vase? Elles sont le mal-être incarné.

Au bout d'une demi-journée, la plus sensible commence à incliner sa tige comme si elle voulait observer l'endroit où elle a bien pu atterrir.

Un jour plus tard, c'est la débandade dans tout le bouquet.

C'est à qui se tortillera, se contorsionnera, se dandinera d'un pied sur l'autre, penchera sa corolle d'un air accablé, enroulera sa tige en virgules, points d'interrogation, en  toute une ponctuation serpentine qui rend les malheureuses raides et sans grâce. On dirait que l'eau à leur pied leur donne torticolis et rhumatismes! Le lendemain, c'est le sauve-qui-peut ! Fini même l'éclat de leurs couleurs; elles sont devenues ternes, franchement laides et comme anémiées...

Je crois que, comme la chèvre de Monsieur Seguin, "les tulipes, il leur faut du large !"

Au jardin, elles éclatent, elles éclaboussent de leurs couleurs insolentes le moindre massif, et pour peu que le soleil caresse d'une paume légère leur transparence veloutée, c'est le bouquet final, le feu d'artifice des lumières ! Leur raideur n'est plus que port de tête altier et majesté.

Au jardin, ce sont les reines d'avril!

Une fleur emblématique couleur pintade, la fritillaire...

Les grèbes continuent leur grève...Partie pour essayer de surprendre leurs parades malgré la pluie fine et le vent,  je ne les ai pas trouvés; seul un couple blasé et indifférent pêchait nonchalamment...

A la place , j'ai heureusement trouvé ...les pintades ! enfin, plus exactement les Fritillaires pintades , qui m'ont rendu ma bonne humeur, légèrement mise à mal par l’indifférence des grèbes !

Ces fleurs rares, fragiles, graciles, émouvantes, ...  belles,  ont le charme fou de l'éphémère et de l’étrange.

Des godets renversés (fritillus en latin est le godet qui sert à jeter les dés), en costume moucheté de pintades ! Meleagris, oui, c'est la pintade en latin ! (Ah, que ferions-nous sans le latin que l'on veut bannir des écoles....!)

Elles tintinnabulent , les pieds dans l'eau, la tête au vent...mais Il faut les admirer, sans les cueillir ! On peut les photographier, si l'on fait attention où l'on met les pieds, pour ne pas les écraser !

C'est que...si elle était assez commune dans son biotope de prédilection, les prairies humides, cette très jolie fleur se fait de plus en plus rare : disparition des prairies humides , intensification de l'agriculture, boisement avec des essences gourmandes en eau, drainage, fertilisation , surexploitation...les bêtises humaines habituelles sont à l'origine de la raréfaction de cette  plante emblématique des prairies humides de l'ouest de la France.

Une autre cause de sa disparition est la cueillette : présente en grand nombre dans les quelques prairies rescapées où elle se sent bien, elle fait envie, on croit que l'on peut la cueillir, que ce n'est pas grave...Erreur !

Protégée, il est interdit de la déterrer et peu recommandé d'essayer d'en faire des bouquets qui ne "tiennent" pas.

Admirons-la donc sans la toucher et sans la piétiner, de mi-mars à mi-avril...

Il en existe des bulbes de jardin, en jardineries.J'en avais planté l'an dernier, elles avaient fleuri et,  ce printemps,elles sortent timidement de terre; mais elle n'ont pas le charme généreux des sauvages...