L'air plus doux de la mi-février commence à résonner des appels des mésanges...

...mais ils ne peuvent rivaliser avec la vibrante mélodie du rouge-gorge : au-dessus de ma tête, soudain, c'est le printemps qui chante !

Pour l'entendre "en direct", cette petite vidéo de l'an dernier...Le chant du rouge-gorge

Je veux être le premier à vous annoncer la nouvelle: Capucyne est de retour! Il était temps: les mangeoires étaient vides ! C'est d'ailleurs la première chose qu'elle a remarquée, Capucyne, en ouvrant les volets: "Oh ! Ils ont tout mangé !"

Pourtant, elle en avait laissé, des provisions! Graines, flocons, cacahuètes, pains et boules de graisse, petites assiettes laissées à mon intention à cause de mon petit bec...Oh, il y en avait suffisamment pour trois semaines s'il n'y avait pas eu...les mésanges ! Celles-ci sont pénibles; elles ont ce qui leur faut, mais commencent par me chiper la nourriture déposée exprès pour moi, parce que plus facile à manger.

Ma poudre de cacahuètes ! Alors qu'elles en ont une pleine trémie, de cacahuètes!!!

Et Merlin ! En voilà un autre enquiquineur ! Nous avons beau être cousins- vous savez, la famille "Turdidés" -, il profite de sa grande taille pour essayer de m'intimider et venir manger dans mon assiette!

Heureusement, à peine arrivée, Capucyne est venue m'apporter mon menu "spécial rouge-gorge", et comme j'étais  de garde au jardin, j'ai pû prendre mon repas tranquillement, avant l'arrivée des dévergondées!

Oh, ce n'est pas que je mourais de faim : les tiges creuses d'herbes séchées, les arbustes grimpants et "à baies", le tas de bois..., constituent une assez bonne réserve d'insectes...

mais cependant...

J'étais le premier à venir saluer Capucyne, encore en manteau et échape. Rouges, le manteau et l'écharpe ! Mais çà ne m'a même pas mis en colère, tellement j'étais content de la voir !

(cf..Territoire rouge-gorge )

Le froid est arrivé, il a neigé quelques flocons hier soir, les mangeoires sont sorties...

Mon "Titi" familier me guette depuis déjà un bon nombre de matins. Il me fait son numéro de charme, perché sur le pin, le poitrail étalé, repeint de frais après la mue.

Mais, sacrilège! Un AUTRE rouge-gorge -l'imprudent !- ose sauter à pieds joints dans la mangeoire plateau!

Titi voit rouge ! Même si l'intrus est une intruse et peut-être sa compagne de cet été, c'est non! Le territoire partagé, c'est fini! Mon rouge-gorge reprend ses instincts de célibataire endurci ! Finies les offrandes dans le bec ouvert de la femelle, finies les roucoulades, finie la séduction.

Titi a repris ses quartiers d'hiver et ne supporte que lui-même. Mâle ou femelle, il chasse toute tentative d'intrusion dans son territoire. A lui seul la terre fraîchement remuée, l'odeur ennivrante des feuilles mortes collées par la pluie, la poudre de cacahètes à lui seul destinée (les mésanges, ces effrontées, n'ont qu'à décortiquer celles de la trémie !) Il veille au grain, Titi ! Toute couleur rouge en vue fait monter son taux d'adrénaline. Il est même prêt à attaquer sa propre image dans une glace...

C'est ce qu'on dit.. Pourtant, ce matin, je suis vêtue de rouge, mais Titi ne va pas jusqu'à m'attaquer! Ou bien il me reconnait, ou bien la surface rouge est tellement supérieure à celle de ses congénères qu'il juge plus prudent de rester à distance...Il me flûte quelques notes, penche la tête...et dès que j'ai le dos tourné, vient inspecter la mane déposée dans la mangeoire...

      .     .  ....

Elle attend, perchée sur le pin.

Je connais bien cette attitude maintenant: elle émet de petits pépiements, regarde à droite et à gauche...

C'est la petite amie de Titi. Voilà plus de deux semaines, trois peut-être, que la scène se répète: le rouge-gorge vient lui offrir la becquée, comme à un oisillon.

C'est qu'elle ne s'en laisse pas compter, la petite! Elle le teste, mon Titi! Il ne va pas s'en tirer avec un ou deux vermisseaux hâtivement déposés en cadeau! Non, elle veut du solide, du durable, la certitude qu'il saura nourrir les petits!

Titi sautille , nerveux et affairé , dans tous les sens sur la pelouse. Il cherche des vers. Il va venir...

Je cours chercher l'appareil photo. Jusqu'à présent, ou bien je ne l'avais pas sous la main, ou bien ils sont plus rapides que moi, ou trop loin, ou cachés par une branche...cette photo, je ne réussis pas à la faire.

Je suis prête, l'objectif braqué sur la petite; j'en ai des crampes aux épaules!

J'en profite pour faire son portrait...

Ah! Voilà Titi, le bec plein de provisions...

Hélas! la coquine s'envole un peu plus loin, sur la vieille mangeoire oubliée là avec quelques noisettes et grains de blé qui n'intéressent plus personne...

Le temps que je refasse la mise au point...il a déposé son offrande et repart!

Trop tard! Il ne me reste qu'une photo, ratée mais étrange, où il semble que le rouge-gorge qui s'envole étend ses ailes protectrices au-dessus de l'oiselle accroupie!

J'entends dire autour de moi: "il y a deux rouges-gorges maintenant dans le jardin...."
Connaissant le tempérament farouchement solitaire et...célibataire de l'oiseau, voilà qui annonce le printemps!
En décembre dernier, j'avais mis sur le compte de la douceur du temps, l'apparition d'un deuxième rouge-gorge au jardin, que mon Titi daignait accepter!
Mais voilà que les deux rouges-gorges ont cohabité tout l'hiver, dans le jardin et aux mangeoires...Oh, pas vraiment "copain-copain", mais je les ai tout de même vus à moins d'un mètre l'un de l'autre, non sans quelques escarmouches, mais sans gravité, juste comme un discret rappel des convenances..., le deuxième oiseau se faisant d'ailleurs timide et discret.
Alors, j'ai échaffaudé des hypothèses...! Mon Titi, attendri par le froid, a-t- il décidé de se montrer tolérant envers sa compagne de l'été passé et de lui laisser accès aux mangeoires situées sur son territoire?Ou a-t-il accepté la venue d'une migratrice  chassée par les frimas nordiques?...Hum...Ou bien...mon Titi serait-il en fait une Titite, beaucoup plus tolérante envers son ex-compagnon...???
L'un arrive, l'autre part, ou fait semblant, perché à un mètre, de ne pas le voir...
Le fait est que je les vois de plus en plus souvent perchés non loin l'un de l'autre...Après celle des charbonnières, je suis peut-être assurée d'une deuxième nichée au jardin...!!!

Mais ce matin....
Titi attendait impatiemment ses quelques flocons matinaux, lorsque lui et moi, voyons en même temps deux rouges-gorges atterrir sous les mangeoires!!!
"Qu'est-ce à dire", a l'air de se demander Titi, en se tournant vers moi ?????
Les deux , au sol, ne se soucient pas de lui...
Alors , il se tourne face aux arrivants, lève la tête vers le ciel, le bec pointé vers l'azur (il fait beau ce matin!) : va-t-il se mettre à hurler , comme un loup ???!!!!
Non, il se met alors à pivoter, d'un côté, de l'autre, la tête toujours levée, la poitrine bien dégagée,  et je comprends :
"Vous l'avez-vu mon plastron? Vous avez-vu comme il est large et beau, comme mon orange brille au soleil? Ingrate, tu l'as-vu? Et toi, l'intrus, tu veux te mesurer à moi?Je suis le Titi du jardin!!!!"
L'un des deux rouges-gorges se précipite..Bagarre? Non. Une petite envolée tourbillonnante et rapide...c'est fini.
Il y a deux rouges-gorges sur la terrasse...