J'avais choisi cette photo de la montagne qui me tient à coeur, pour vous adresser mes voeux.

Il se trouve que cette photo vient de remporter le concours "Montagne" chez Hornet...C'est donc avec un double plaisir que je vous l'offre pour vous souhaiter une année d'enthousiasmes, d'émerveillements et de belle santé !

Non, ce n'est pas le canard dont vous rêviez pour le soir du réveillon, décoré à souhait par une nature ce jour -là en veine de création artistique...

Non, c'est juste le présent du Père Noêl à une rivière qui se sentait un peu seule en ces temps de Noêl, malgré les cadeaux dorés du soleil et de la lune, malgré les colverts, foulques, grèbes et autres cormorans qui la frôlent où la labourent de leurs pattes palmées.

Le père Noêl, parce que c'est Noêl, a décidé d'offrir à l'Erdre un cadeau original, peint comme une porcelaine précieuse ou comme un bois laqué chinois...

Il lui a offert le mandarin ! Où est-il allé le chercher ? Mystère... Mais il est bel et bien là, le canard mandarin, parmi les colverts, s'ébrouant comme un jeune chiot en faisant claquer ses plumes, en s'aspergeant de goutelettes..

Avec un nom pareil, .il est bien sûr originaire d'Asie où il est hélas menacé suite à la disparition de son habitat naturel...(Pour la petite histoire, le Japon en a même acheté à...la Hollande pour repeupler certaines régions...C'est le canard sans frontières !)

Canard sans frontières et sans barrières puisque  -chut - il ne faut pas les dénoncer - quelques individus se sont échappés d'on ne sait où pour faire souche sur l'Erdre...

Sympatique, il est aussi fidèle, (espèce rare de nos jours) et vit en couple toute sa vie.

Evidemment, vous voyez là Monsieur Mandarin (il ne viendrait jamais à l'esprit d'une femelle d'être aussi voyante ! Vous imaginez ça à la saison des nids, avec tous ces maniaques de la gachette qui rôdent !)

Il mange ce qu'il trouve : graines, fruits, insectes d'eau, petits poissons...fait son nid en hauteur (futé en ces temps d'inondation !) et se sent d'ailleurs aussi à l'aise sur terre que sur l'eau ou dans les airs...Par contre, pour la plongée, ce n'est pas encore ça , ou alors, en cas de danger extrême ! Dame! Ce serait dommage de mouiller un aussi beau plumage, non ?

L'Erdre n'en peut plus ! Cette fête de Noël trop arrosée l'a rendue malade ! Incapable d'éponger ces libations venues du ciel, elle régurgite sur le chemin ...

Il fait beau, le soleil revenu la fait scintiller, mais l'Erdre n'en peut plus !

Les lutins du cyprès chauve sont tous immergés et luttent vaillamment pour sauver le grand confère de la noyade... (Pour ceux qui ne les connaissent pas, ils sont là ...et là)

A la hauteur du pigeonnier du château de la Gascherie, le chemin est coupé. Mais ça tombe bien : j'ai mes chaussures de randonnée, les vieilles, celles que je recycle par beau temps et dont les semelles sont fendues... Tant pis ! Je ne vais pas rebrousser chemin ! Je patauge tant bien que mal...Plus loin, devant le château, la rivière semble à nouveau avoir voulu se dédoubler l J'ai de l'eau par-dessus les chaussures. Je n'ai jamais vu l'Erdre victime d'une telle indigestion !

Après la Gandonnière, par contre, il devient difficile de passer pour rejoindre l'embouchure de l'Hocmard. Je patouille pour faire quelques photos avant de rebrousser chemin...

Au mépris de toute tentative d'élégance, j'ai roulé les jambes de mon pantalon, sous le rire goguenard des foulques... J'ai l'air de "Tintin dans la mangrove", et je franchis maintenant avec une certaine jubilation les"mares" en sens inverse avec la sensation oubliée d'avoir cinq ans !

Mon grand-père, athée et anticlérical, faisait une crèche pour moi, chaque Noël...

Ma crèche est à la fois un souvenir d'enfance, le témoignage  de la contradiction des âmes  et un symbole d'humanité, au-delà de toutes les églises...

Bon Noêl à vous !

Je suis partie tôt ce matin, alors qu'il faisait encore nuit. J'arrive au bord de l'Erdre bien avant le lever du soleil.

La nuit s'est activée pour nous révéler aujourd'hui  encore sa secrète alchimie : l'aube de ce jour, à nulle autre pareille.

Les arbres, l'eau, les bateaux, tout semble en attente ; l'air lui-même retient son souffle, attentif à l'émergence de cette mystérieuse heure bleue qui précède le lever du soleil.

Ce matin, elle se fait douce et pâle, se teinte de reflets roses...

Même si celle-ci lui rend ses exactes couleurs, toute photo est un peu réductrice et ne peut révéler toute la magnificence de cet instant suspendu...

"Il" va paraître, mais nous sommes encore au royaume de la presque nuit qui traîne les pieds avant de lui laisser la place. Qui traîne les pieds ?  Qui joue avec lui plutôt, se laisse caresser  de quelques lueurs roses qu'elle enveloppe de son velouté bleu.

C'est l'heure bleue, c'est l'heure rose, c'est l'heure bleue et rose...

Peu à peu, en se faisant un peu prier, "il" va émerger ; là, à l'est, le rosé va devenir or.

De l'autre côté du regard, à l'ouest, la nuit résiste encore ; alors, le soleil choisit délicatement, amoureusement, quelques éclats blancs, celui du château de la Gascherie, celui du mât ou de la coque d'un bateau, pour repeindre l'aube à ses couleurs à coups de pinceau légers.

L'heure bleue devient peu à peu dorée...

Et moi je reste là, en extase, enveloppée. L'aube vient de se lever, pour moi qui me suis levée pour elle. J'y bois la force et la beauté de tous les matins du monde.

  "C'est l'heure bleue, c'est l'heure rose..."

"Il va émerger.."

"	"A l'est le rosé va devenir or..."

Le soleil choisit quelques éclats blancs, celui du château de la gascherie...

...celui du mât ou de la coque d'un bateau...

"L'heure bleue devient peu à peu dorée"

L'an dernier, j'avais proposé de faire un article sur "Un si beau cadeau" (ici)

Cette année, Passion (ici)  reprend l'idée avec pour thème "Un regard qui se pose".

Je réponds à sa proposition comme elle avait répondu à la mienne : ce regard, posé sur la beauté de l'aube est aussi mon cadeau de Noêl à tous les lecteurs de mon blog...